Emcee Clash Sélection 3 : Nee’ill vs Goofy

Mon dernier battle, il semble y avoir bonne appréciation de mon truc dans la communauté. Malgré les chokes, plutôt fier de moi.
Merci pour les commentaires positifs comme  pour les critiques, c’est grâce à vous si je progresse.

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Manger, baiser, créer, socialiser, apprendre.

En ces temps de belles promesses et de beaux discours sur le comment l’on devrait réorganiser notre misère collective, je crois qu’on passe à côté de l’essentiel : au bout du compte, l’immense majorité des besoins de l’immense majorité des gens se résument aux cinq champs d’activité suivants ; manger, baiser, créer, socialiser, apprendre. On veut tous jouir le plus possible pour le moins d’efforts, et vivre le plus de situations, les plus agréables et positives possibles. On veut tous, de quelque nature qu’ils soient, réaliser des projets.

À la place, on travail quarante-heure par semaine pour se payer deux semaines de vacances par année, et si on est ben chanceux, un petit chalet. On paye des taxes pour financer un système de justice qui, en retour, ne fait qu’accentuer l’écart des classes sociales, grossir les coffres de l’État, et nous protéger et servir à coup de matraque et d’amendes. On paye des taxes pour financer un système de santé qui n’est qu’une grosse business servant à réparer les blessures que notre mode de vie productiviste insensé nous amène. On finance un système d’éducation qui se résumera bientôt à un consortium d’usines à qualifier de la main-d’oeuvre le plus rapidement possible. On se console avec des bébelles et des cossins futiles, qui sont programmés pour briser et qui ne font que nous enfoncer dans le gouffre, autant financier qu’écologique.

Ca vous tenterais pas, vous autres, qu’on organise collectivement la paresse, plutôt que de continuer à écouter nos évêques modernes en costard vanter Dieu dollar et l’importance de travailler pour les autres ? L’autre type de dogmatisme, la croyance – parce que c’est ce que c’est –  en la nécessité de l’État, qui pensent aveuglément qu’il y aurait une nature humaine mauvaise, un esprit de prédation inné nécessitant un contrôle social pour maintenir l’ordre. Mais qu’est-ce que l’ordre ? Une société qui permet à des gens d’avoir des BMW pendant que d’autres ne mangent pas, c’est plutôt désordonné. Une société qui laisse certains avoir des bâtiments vides pendant que d’autres dorment dans la rue, c’est assez chaotique.

Ceux qui croient en la nécessité d’une ” phase de transition “, des petits changements, pas à pas, pour ” tendre vers le mieux ” ont peu de considération pour nos vies, comme si notre liberté et nos rêves pouvaient être mis sur la glace, notre bonheur, mis en attente, notre vie, prolongée indéfiniment, au gré de la ligne de la partie, des conditions objectives, de l’opinion de l’électorat, de la majorité silencieuse, des citoyens solidaires, ou de quelconque chimère. Ce n’est pourtant pas le cas.

L’anarchiste n’a jamais exploité quelqu’un, n’a jamais arrêté quelqu’un, n’a jamais intentionnellement et sans motifs valables causé du tord à quelqu’un pour son propre bien, causé du tord à quelqu’un. L’anarchiste n’a jamais envahi un pays. L’anarchiste veut être libre, et vivre dignement, et il comprend que la liberté et la dignité de chacun sont la condition primaire de la sienne. Pourquoi ne pas lui donner une chance ?

Ce texte est libre de droits, et je crois qu’il gagne à être diffusé le plus largement possible.
Mais, au final, les idées ne sont rien sans l’action ; si tu crois que c’en est assez, ne va pas voter, et à la place, agis, peu importe comment. À toi de voir.

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Et oui, ca devait arriver avant le 7. À toi, qui arbore le petit coeur orangé.

Bonjour cher membre de Québec Solidaire,

J’espère qu’après la lecture de ce texte, tu bruleras cordialement ta carte de membre, ou même mieux, pour être écologique, tu pourrais l’utiliser comme carton pour tes joints. Là voici :

Plusieurs amis pensent faire la bonne chose en votant ou encore pire, en s’impliquant pour Québec Solidaire. Pourtant, les résultats sont, comme ils l’ont toujours été pour ce genre d’organisation, déficients.

Tout d’abord, il y a des gens qui n’ont pas tout à fait saisi comment l’économie fonctionnait et surtout pourquoi elle continue à fonctionner. Tout État assit ses bases sur la force répressive nécessaire pour assurer sa pérennité. J’y reviendrai plus loin, mais, peu importe à quel point il est vert et solidaire, un État implique des cochons. Comme si ca ne suffisait pas, les riches, les vrais de vrais, les grands bourgeois, ils n’ont pas seulement accès à une force de répression publique, ils ont aussi, en cas de besoin, accès à l’argent nécessaire pour engager une force de répression privée, comme une milice, des mercenaires, une armée privée, la mafia, les Hells Angels, les gangs de rue… Si ce que vous faites avait réellement une incidence et une capacité de ” dépasser ” le capitalisme, ils vous en empêcheraient. Le capitalisme et l’État sont interdépendants. Il y a une minorité objective qui exploite une majorité objective, et l’État a le monopole de la violence, la bourgeoisie une partie importante de la richesse. L’argent et le pouvoir sont deux choses qui s’attirent et qui se supportent mutuellement, donc prétendre que l’un peut disparaître sans faire disparaître l’autre, c’est être naïf.

De plus, le capitalisme a multiplié les méthodes d’aliénation, multiplié les divertissements, pour que nous occidentaux soyons confortablement assis sur notre cul à vivre une vie trop aisée pour ce qu’on pourrait réellement se permettre si on ne pratiquait pas à profusion l’impérialisme économique sur le tiers monde, trop occupé à jouer à des jeux vidéos ou à écouter des téléséries. Personne n’y échappe complètement. Avec le travail et les divertissements, on est beaucoup plus près du Huxley que du Orwell. Et Québec Solidaire, c’est simplement un raffinement du meilleur des mondes : les élections ne sont qu’un outil supplémentaire d’autolégitimisation du système pour assurer l’hégémonie complète du capital. C’est comme si Aldous avait rajouté une dizaine de pages avec un chapitre sur la démocratie et les élections, ou les individus avaient la possibilité de délibérer sur les modalités de leur aliénation et sur les façons de la rendre plus douillette. Pour moi, vous êtes ça.

Je ne doute pas des bonnes intentions de la quasi-unanimité des militants de Québec Solidaire, seulement je juge leur méthode comme complètement inefficace pour assurer la rupture nécessaire. Le temps presse, car les conditions de vie ne remonteront plus, les inégalités ne font que s’accentuer, et les désastres écologiques, se multiplier. Qui est-ce qui n’a pas d’assurance ni d’argent pour se reconstruire ? Les pauvres. Et lorsqu’il va manquer d’eau, qui va avoir les réserves ? Les riches. Lorsqu’il va manquer de nourriture, qui va se servir en premier ? Les riches.

Travailler 40 heures par semaines, gratuité scolaire, transports verts et logements sociaux ou pas, c’est sans intérêt, surtout que sans patrons et dans une économie alternative on pourrait en travailler 20 heures, peut-être même 15 ou 10 heures. Une société basée sur l’accumulation de biens matériaux futiles au détriment de la planète, c’est sans intérêt, même avec plus d’argent pour s’en procurer et même avec toute les services sociaux du monde. Une société de zombies, ou tout le monde se croit tant unique à penser comme toutes les autres, ou on s’enlise tous dans la même routine, la même existence monotone, tout en ” faisant nos devoirs de citoyens ” une fois par deux ou trois ans, ou même une fois par semaine, sans intérêt. Pis l’opinion de l’esclave qui exprime démocratiquement le consentement complet à son asservissement, c’est tout autant sans intérêt et sans valeur.

Facile de citer en exemple des pays qui, comme n’importe quel pays capitaliste et impérialiste, assissent leur confort sur leur rapport de force économique avec le tiers monde, mais qui ont seulement trouvé une manière plus ” humaine ” et ” démocratique ” de le faire. Facile de parler de la démocratie de la Suède, il est beaucoup plus facile de se payer des chaînes d’esclaves en or lorsqu’on va le piller en Afrique, cet or.

Peu importe le parti et les mesures progressistes prises, tant qu’il y aura État, il y aura flicaille. Tant qu’il y aura flicaille, il y aura monopole de la violence et il y aura répression. Le meilleur exemple est l’Angleterre : à Londres, ils ont désarmé les flics, pourtant, plus de 1800 (1893 si je me souviens bien) personnes sont mortes par des flics entre 1991 et 2011. Ce n’est pas en la règlementant mieux que l’autorité de l’osti de chien (pardonnez le langage ordurier, quand on parle de cette catégorie d’individus, ma mèche est courte) que celle-ci sera plus légitime. Oui il faut protéger les membres de la collectivité contre des gens n’étant plus en contrôle, mais ces gens-là ont besoin d’être soignés, d’être aidés, et ce, pour l’immense majorité des cas, mis à part un Magnota une fois de temps en temps. Les cas irrécupérables sont des données aberrantes, qu’il faut d’une façon ou d’une autre gérer, mais qui ne légitimise en rien la police en tant qu’institution coercitive, et l’immense majorité de ce que constitue le travail de policier, ce n’est pas d’arrêter des meurtriers. Il y a rarement plus de 150 meurtres au Québec, il y a plus de 380 000 arrestations par années. Les crimes violents, c’est l’épouvantail qu’on sort à la population pour lui faire croire que la police sert à les protéger.

L’histoire a démontré que pour arriver à un changement radical de l’organisation sociale et économique, peu importe lequel, il faut contester l’entièreté des institutions de l’ancienne société pour arriver à en créer une nouvelle. L’économie va mal, la santé des gens va mal parce qu’ils travaillent trop et mangent mal. Ce n’est pas avec un peu plus de financement pour les coopératives, une une ” fiscalité progressive ” qui fait ” payer la juste part aux riches ” qu’on va éviter les crises caractéristiques au capitalisme. Et lorsqu’une crise comparable à celle de 2008 en Grèce surviendra, même si vous êtes au pouvoir, vous devrez couper dans tout ce qu’il y a de potable dans la partie ” État providence ” de l’État, comme tous les autres partis ” de gauche ” le font et l’ont fait d’innombrables fois par le passé. Et tous vos ” petits gains ” et vos mesures ” pragmatiques ” vers un ” idéal ” et pour le ” bien commun ” seront parti en fumée, probablement dans la pipe à crack du banquier ou d’un connard en costard du FMI.

Ce que je propose ? Qu’on renverse ce système de marde là. Comment qu’on fait ? Ça c’est le bout drôle : L’idée, c’est que c’est à toi de le décider, ce qu’il faut faire. Des options envisageables sont la grève sociale, l’émeute, l’action directe, en bref, tout ce que le pouvoir réprime, et qui, par conséquent, le dérange. Il n’y a pas de chemins clairs. Pas de certitudes. Pas de plan. Ce qui est sûr, c’est que ce qu’on va faire pourra difficilement faire moins dur que ça, sinon, on est des mauvais révolutionnaires. Faut pas avoir peur de s’organiser. Organisation et autorité sont deux choses distinctes, qui sont souvent à tort confondues.

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Ces criminels qui portent des badges et des toges.

Alors, le capitalisme va mettre un peu plus sa main très visible et tenant souvent un flingue dans la poche des méchants criminels qui mettent en péril l’ordre public en vendant du weed, des cigarettes ou de la coke à des gens consentants qui consomme une drogue ou une autre pour pallier à leur vie de merde que le capitalisme leur impose ? L’État et son bras armé veulent s’en mettre encore plus dans les poches par le biais de son système d’injustice, bien huilé pour maintenir avec violence la domination d’une majorité sur une minorité ? Non, vous devez plaisanter, je n’y crois pas.

Je sais que j’suis souvent sur leur cas, aux flics et aux juges. Je sais que je peux paraitre manichéen, voir même dogmatique, que certains pensent que ma haine aveugle mon jugement et mon raisonnement. C’est que ces individus ont, plus ou moins directement, énormément de sang sur leurs mains. C’est que, les lois qui protègent l’État, la propriété privée, le libre marché, l’économie et ses infrastructures, la seule façon qu’elles peuvent fonctionner, dans l’état social actuel, c’est si elles sont appliquées par une force coercitive. La seule chose qui empêche le sans-abri d’aller s’abriter dans le condo d’un riche qui y passe deux semaines par année, la seule chose qui empêche celui qui a faim de se servir dans l’épicerie, qui jette beaucoup de nourriture, et souvent, la compresse plutôt que de laisser les gens se servir dans ce qui ne respecte plus leurs critères standardisés, c’est, dans les deux cas, le flic qui va venir les arrêter, et le juge qui prononcera la sentence pour la peine à purger, les travaux communautaires à effectuer, ou l’amende à payer. Ainsi, on pénalise des gens qui ont souvent eu un vécu difficile, qui ont manqué de ressources pour bien fonctionner dans le système scolaire, qui n’avaient souvent pas des parents instruits, voire parfois violents, alcooliques ou drogués. On pénalise les gens pour leur classe sociale.

Plusieurs peuvent penser que les flics sont là pour nous protéger. Observons froidement et le plus rigoureusement possible, les statistiques fournises par l’État lui-même. Le total des infractions criminelles commises au Québec, pour l’année 2012, est de 389 472. Sur ce chiffre, 217 744 sont des crimes contre la propriété. Ainsi donc, selon l’État lui-même, 54,6% des arrestations et des peines données, n’auraient jamais eu lieu d’être, sans les lois régissant la propriété, et la nécessité économique, en fonction de leur classe sociale, pour ces quel que deux cents milles individus, de commettre un vol ou autre délit pour tenter de vivre décemment ?

Par ailleurs, à l’inverse, il y a eu seulement 108 morts dans toute l’année 2012, 191 tentatives de meurtre. 45 104 voies de faits, admettons que le tiers était des voies des faits armés ou graves. Ca fait 45382 crimes ” violents ” ou l’intervention policière peu être nécessaire, même si souvent elle n’empêche rien, et que c’est loin d’être systématique, voir même près d’une majorité des cas, que les individus, après avoir repris contact avec la réalité, sont sujet à récidiver. 21 889 individus au ont été arrêtés pour des crimes liés aux drogues, qui sont, la plupart, illégales pour des motifs économiques mondiaux et du trafic d’influence au sein de l’État, plutôt que par réel souci pour notre santé. Sinon, les McDonald et les Tim Hortons seraient bannis, car ils causent beaucoup plus de dégâts à eux seuls que la plupart des drogues combinées, ici, et encore davantage aux États-Unis. Pourtant, les pays qui banissent Mc Donalds, Monsanto et les OGMs, sont généralement aussi favorables à la légalisation de la marijuana. Étrange, non ?

Dernière statistique intéressante : les ” Infractions contre l’administration de la justice ” représente presque 10% des infractions commises! On peut présumer qu’on parle généralement, par ces termes, de bris de conditions, de bris de probations, de défaut de paiement d’amendes, de non-présence en cours, etc. Donc, le système de justice, de par sa grande organisation d’oppression efficace, réussit à s’autofournir près de 10% de sa clientèle.

En somme, les chiffres fournis par l’État lui-même appuient ma thèse : à peine plus de 10% de crimes violents sérieux, à peine 0,0027% des crimes commis sont des meurtres. Plus de 54,6% des crimes sont considérés, et par conséquent, grandement réprimés, comme des crimes, seulement à cause de notre infrastructure économique actuelle basée sur la propriété privée. Près de 10% des crimes commis, sois l’équivalent d’environ le 3/4 de la somme de crimes violents graves, sont des bris de probations et de conditions, des non-présences en cours, etc. La flicaille passe donc moins de 15% de son temps à nous protéger, et rarement, elle empêche l’acte violent de se produire, il faut souligner, ils sont dans une logique punitive beaucoup plus que préventive, et les gens poussés à des actes violents sont le résultat d’un échec de nos institutions, de nos réseaux d’entraide et de notre capacité collective à aider quelqu’un éprouvant certaines difficultés. À l’inverse, près du 2/3 des crimes sont rarement des actes antisociaux ou immoraux, plus souvent qu’autrement, c’est les banques et les assureurs qui paient les pertes, et ces crimes ne se produisent que par manque de ressources et d’éducations des individus, qui sont nés dans une classe sociale déterminée et qui vont la plupart du temps y rester. Le deux tiers des crimes sont en lien avec la perpétuation du capitalisme, de l’État, et du droit bourgeois le soutenant illégitimement.

Les changements dans le fonctionnement de la police, qui va maintenant laisser les policiers saisir de l’argent ou des biens peur leur bénéfice personnel, ne va qu’accentuer la fonction de maintient des classes sociales et de l’hégémonie des possédants, tout en mettant les flics en compétition et dans une logique ultra-marchande de recherche de profit, tout ça avec un gun dans les mains, trois ans de cégep entre les oreilles, et souvent, ils sont aussi affectés d’un ultra-conformisme chronique qui les pousses à consommer et à vouloir toujours plus de biens matériels futiles. Tout les éléments sont réunis pour que la fusion entre le capitalisme et l’État s’amplifie, s’explicite, au détriment de ces ” méchants criminels ” qui vendent du weed, volent des camions garda, des banques ou des chars de luxe, pour manger et avoir un toit, parce que l’osti de timbré sortie de Nicolet veut une plus grosse Télévision ce mois-ci.

Pour clore ce billet, les vrais criminels, ce sont ceux qui portent des badges et des toges, ceux qui enlèvent des fractions de vie à des centaines, peut-être même des milliers, à travers le monde, des dizaines et des centaines de milliers d’individus chaque jour, qui comettent quotidiennement leur lot de bouttes de meurtres, qui ne sont que nuisance, violence et poison pour l’avancement de la collectivité et le bien-être de tous.

Source pour toute les statistiques : http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/cst01/legal50b-fra.htm

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Lettre à certaines féministes

Lettre à certaines féministes

Depuis plusieurs semaines, voir plusieurs mois, à mon appartement, c’est devenu une blague, presque grotesque, que de faire allusion au comité femme de l’ASSÉ. Ma copine, pour me taquiner, fait mine qu’elle ne veut pas m’embrasser, je m’approche brusquement : ” J’vais l’dire au comité femme de l’ASSÉ “.” Qui se présente sur le comité femme de l’ASSÉ ? Moi j’voterais pas pour elle si elle ne promet pas à elle seule de démissionner en bloc le jour même de son élection. ”

J’suis le genre de cocky fucker qui s’assume, donc ne pas formuler mes critiques publiquement envers certaines féministes montréalaises me semblerait hypocrite. Ce texte se veut une tentative de dialogue, et j’accepterai volontiers de me faire foutre une raclée intellectuelle. Ceci étant dit, le fait que je sois un homme n’est pas un contre-argument à quoi que ce soit. Désolé.

Tout d’abord, je tiens à réitérer que je me considère comme quelqu’un de pro-féministe, et en taule, mes oreilles cillaient à entendre mes collègues de cellules, pourtant dans l’ensemble sympathique, empathique et enrichissant de leur vécu, parler des femmes en employant le terme ” plotte “.

Je trouve toujours cela triste que des filles de mon entourage, pourtant magnifiques, se trouvent laides à cause des standards de beauté uniformes et irréels du capitalisme. Moi-même, je ne peux nier que ça a une influence sur ma vie sexuelle, malgré toute ma volonté nihiliste de déconstruire ma socialisation.

Je considère aussi que l’objectification de la femme, et l’inéquité dans la façon dont l’on considère le plaisir de la femme, pour ne nommer que ceux-ci, sont des phénomènes culturels bien réels. On pourrait aussi parler des neuf prostituées sur dix qui souhaiteraient cesser leur ” emploi ” qu’elles occuperaient par ” libre choix “. J’ai aussi trouvé légitime la décision des dissidentes du comité femme de vouloir boycotter le show macho de Juste pour Rire.

Ceci étant dit, et j’y reviendrai plus tard, supposons, pour l’exercice, que l’on considère que – car c’est bien ce qu’ils sont, des enjeux culturels – mener une lutte culturelle est quelque chose de pertinent et d’efficace pour l’émancipation de la femme et l’avancement de la gauche radicale. Il reste qu’un des problèmes de plusieurs militantes et groupes féministes, c’est qu’elles vont investir la majorité de leurs énergies à critiquer et tenter ” d’éduquer ” leurs camarades, les gens les plus conscientisés et les plus sensibles à leur cause de toute la société, plutôt que d’aller réellement faire de l’éducation populaire avec les gens qui ont beaucoup plus de travail à faire sur leur féminisme, dans les milieux pauvres, ouvriers. Au lieu de faire une réunion pour voter une motion de blâme pour tel texte ou telle intervention qui n’était pas féminisée, pourquoi ne pas aller distribuer un tract simple et vulgarisé sur le féminisme dans le métro ? Au lieu de faire des camps de formations et des ateliers non mixtes entre gens déjà convaincus, pourquoi ne pas approcher les maisons des jeunes, les soupes populaires, pourquoi pas, les écoles, pour faire des tournées de classe, organiser des ateliers, des conférences, des débats, des discussions, bref, tout pour répandre les idées et les critiques, fort légitimes, du féminisme radical.

Le deuxième point que je veux aborder, c’est la question du consentement, et le double discours qui l’accompagne souvent. Certaines féministes prétendent que le consentement est négatif jusqu’à preuve du contraire. C’est une énorme inexactitude au niveau de l’étude de la communication, car il est maintenant démontré que la majorité de la communication se fait en général par le non verbal. Si y’a un mood, une énergie, une complicité et une attirance réciproque, je ne crois pas qu’il y ait nécessité que la fille dise OUI JE VEUX QUE TU ME PÉNÈTRES pour lui faire l’amour. Ceci étant dit, si elle montre des signes d’hésitation ou de résistance, évidemment que je demanderais. Je trouve ça déplorable que quelqu’un se fasse lyncher publiquement parce qu’il a caressé le sein d’une fille avec qui il flirtait, qu’il a embrassé, et qu’elle semblait réceptive à cela. Si y’a une attirance réciproque, des premiers contacts physiques, et qu’il ne semble pas y avoir de résistance, ce n’est pas un viol que d’essayer d’aller une ou deux étapes plus loin, si l’autre personne ne veut pas, elle te le fait savoir, et tu respectes ses limites, il me semble que c’est assez simple.

Comment on traite les individus qui commettent ces dits viols ? De quoi dans ces eaux-là : le système d’injustice répressif, c’est dont ben d’la marde! Il faudrait, pour les autres détenus, plus de réinsertion, car il faut abolir les prisons! Sauf les violeurs, eux il faut les pendre par les couilles. Et on ne parlera pas des pimps. De là, selon moi, le double discours. Les violeurs aussi ont des problèmes de santé mentale et doivent être aidés, aimés, soignés, autant que n’importe quel ” criminel “.

Le troisième point que je voulais amener, c’est justement le point des luttes culturelles. Oui, elles peuvent avoir, jusqu’à un certain degré, leur place. Mon anarchisme est un anarchisme qui se répand, telle la vie, partant de principes communs, de racines, pour s’étendre en diverses initiatives qui interagissent et se complètent. Essayer de gagner des gens à des idées justes pour les gagner à des idées, faire de la ” sensibilisation ” c’est de prétendre qu’avec ton petit groupe, soyons très généreux, 15-20 féministes radicales, vous allez être capable de convaincre une quantité appréciable de gens, et ainsi, rivaliser et réussir à avoir plus d’impact sur les individus que leur éducation, l’éducation de leurs parents, les 1600 publicités par jours qu’ils voient, en moyenne, Quebecor, tous les grands journaux, et ainsi de suite. Le raisonnement qui s’applique aux partis politiques s’applique aussi aux institutions culturelles : on ne peut pas changer le système de l’intérieur, c’est le système qui nous change. Il est faux de prétendre que faire tomber le patriarcat fera tomber le capitalisme, et qu’un ne va pas sans l’autre. Le capitalisme est un système d’exploitation d’une majorité par une minorité, avec une force coercitive pour garantir la poursuite de cette exploitation. Cette exploitation peut très bien être paritaire. La GRC ne surveille pas les mouvements féministes. Le féminisme ne dérange pas le train-train de l’économie capitaliste, elle s’accommode seulement de la stabilité de son restant de vieilles moeurs.

Là ou le bas blesse, et le pourquoi je trouve les luttes culturelles généralement assez futiles, c’est que dans le capitalisme est compris l’impérialisme. L’impérialisme, c’est la notion très concrète que des gens avec des revolvers vont dans d’autres pays pour tuer du monde et prendre leurs ressources. Genre, avec des vraies bombes, pis des vrais balles, pis toute. De façon froidement utilitariste, il y a des priorités. Me semble que s’organiser contre le capitalisme, l’État et son impérialisme, des structures économiques et politiques matérielles, c’est-à-dire, du travail qui dort dans des comptes de banque sous forme d’argent, et des enfoirés avec des revolvers qui font qu’on est obligé de payer pour vivre, ou parfois même, qui font que même si on paye, on ne vit pas. En terme d’importance entrent des vies humaines et un ton trop agressant à ton gout dans un atelier sur la mixité transgenre chez les albinos bipolaires, je ne sais pas là, mais…

Bref, c’est presque entièrement de l’amour et un soupçon d’arrogance, j’attends de pied ferme des réponses pertinentes à ce texte.

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Nee’illisme scAppliqué

Mon premier clip, tourné sur le pouce en une après-midi avec le boy Scap, quand j’étais allé le visité en 2012. Séjour mémorable, pas mauvais comme verse pour ma part, mais très basic comme flow. Le verse de Scap était dope. Enjoy!

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J’ai été très con.

Outre les anecdotes et les critiques somme toute légitimes du système d’injustice, je crois aussi qu’une auto-critique en règles s’impose, surtout suite à ma seconde arrestation, qui a pu être évitée et qui a couté temps, énergie et moyens qui auraient pu être employés à bien meilleur usage. Attention, je ne suis pas entrain de dire que posséder du weed, voler (vous connaissez mes positions en ce qui à trait à la propriété, sinon, voir Proudhon), briser des conditions, ou même, si je l’avais fait, s’attaquer aux agents épaix constituent des fautes morales. Au sens strictement éthique de mes agissements, je ne regrette rien en tant que tel. Mais les conséquences émotives, financières et stratégiques de mes actes sur mon réseau méritent qu’on s’y attarde.

Je me croyais tellement au-dessus de mes affaires. Voler à l’étalage? C’était devenu si habituel pour moi que je n’ai pas pris les précautions nécessaires, j’ai mal fait mon repérage et j’ai commis l’acte sous l’oeil d’une caméra. Pour moi, ce n’était même plus dans le domaine du possible de me faire prendre, et si cela arrivait, au pire ils me demanderaient de rembourser et c’est tout. Et pourtant, malgré tout ce que j’ai volé dans mon parcours, je me retrouve perdant financièrement, maintenant avec un chef de vol à l’étalage, trouver un emploi étudiant sera très difficile, et j’ai des travaux communautaires et plusieurs centaines de dollars d’amendes à m’acquitter, en plus de ma dette morale de mille dollars envers le Secours Rouge Canada, que je vais aussi faire de mon mieux pour rembourser. Même chose pour le «skippage» de métro ; pour avoir sauvé peut-être cent-vingt dollars de tickets, j’ai eu droit à une contravention de trois-cent dollars, à l’automne 2012. Parmi les dizaines de détenus que j’ai rencontré dans les différentes prisons et mes différents séjours au palais de justice, il y a deux constantes assez fortes : premièrement, ils croyaient tous ne pas se faire prendre, et parfois ils croient encore qu’en sortant, ils ne se feront plus prendre ; deuxièmement, le plus important, l’État a presque toujours fini, par les saisies, les cautions, les amendes, les frais de cours, les frais d’avocats, les sur-amendes, à se repayer avec intérêt le fruit des crimes commis. Le système d’injustice est une entreprise, et elle se rationalise toujours d’avantage.   Tant mieux si c’est le cas pour certains, mais pour moi ça n’a même pas valu le coup au plan strictement économique, et en parlant, en prison, à ceux qui ont connus «la belle époque», il semble qu’il est de moins en moins possible d’être efficace et durable dans le crime, Big Brother étend toujours d’avantage ses tentacules.

Donc, même si c’est romantique, que ça procure de l’adrénaline, que ce sont des pratiques prônées par une certaine frange du milieu libertaire, je crois que, même s’il n’y a évidemment pas de problème moral ni de tort causé à qui que ce soit en volant ou en sautant par-dessus les tourniquets du métro, au bout du compte, plus souvent qu’autrement, on est perdant économiquement et on sombre encore d’avantage dans la judiciarisation. D’un point de vue strictement utilitariste, ce n’était pas pertinent de commettre ces actes, car ils m’ont amenés d’avantage de problèmes que de bénéfices.

Soyons clair, je n’accorde aucune légitimité à aucune loi actuelle, mais stratégiquement, il est préférable de les enfreindre seulement lorsque nous n’avons pas d’autre options, car les barreaux des cellules, les amendes, les screws et les agents de probation, eux, légitimes ou pas, ils sont bien réels, de même que la violence absurde du système judiciaire. S’en prémunir n’est pas lâche, mais sage.

Oui, je sais que tu te dis que toi tu vas bien faire ça, que t’es instruit et réfléchi et que c’est des caves. Mais ça reste des caves qui ont perfectionné l’art de briser des vies, qui excellent dans leur job de technicien en oppression. Les berner une fois, deux ou trois, peut-être, mais à la longue, la routine et la sur-confiance qui l’accompagne te poignarderont dans le dos. Je l’ai appris à mes dépends, sur une offense qui est somme toute mineure, au moins.

L’autre aspect de ma bêtise dont je voulais traiter, c’est la question légale. Je croyais, de façon naïve et négligente, que je connaissais bien les lois et mes droits car j’étais un militant d’expérience qui avait affronté le monstre judiciaire à maintes reprises. Trois éléments m’ont échappés ; la lourdeur des conditions, les réelles conséquences possibles de mes actes, et tout ce qu’implique garder la paix.

Pour ce qui est des conditions, l’absurdité de celles-ci, c’est que coupable ou non de l’infraction initiale, vous pouvez être reconnus coupable de bris. Et lorsque vous accumulez les bris, encore une fois, coupable ou non, une gradation des conditions s’enchaînent, débouchant ultimement à la détention jusqu’à un règlement, jusqu’à votre procès, dans mon cas, ce fut suite à mon troisième bris. Lorsque cela se produit, même si vous êtes innocents, ils peuvent vous contraindre implicitement à plaider coupable à de fausses accusations, sans quoi ils reportent et ils reportent pendant que vous pourrissez dans votre cellule. J’avais une compréhension très approximative de cette dynamique, et j’en ai pris conscience un séjour en taule trop tard. Si ce serait à refaire, je pousserais mon avocat pour qu’on règle au plus sacrant, surtout compte-tenu que j’étais innocent et qu’ils n’avaient pas de preuve pour la soi-disant infraction initiale, infraction qui m’a donné ce bel ensemble de conditions que j’ai brisé à maintes reprises. Plus on garde des conditions longtemps, plus on a de chance de les enfreindre et d’entrer dans ce cercle vicieux.

Ensuite, garder la paix, c’est très large comme condition : n’importe quel acte criminel «brise la paix». Ça aussi, je l’ai sous-évalué comme risque. J’aurais du prendre le temps nécessaire pour comprendre et poser des questions sur ce qu’impliquent chaque condition, et les conséquences légales possibles de chaque acte plus ou moins légal que je comptais peut-être commettre, plutôt que de secouer la tête rapidement lorsque mes avocats m’ont demandé si j’avais des questions, par orgueil «ben non, j’connais ça moi, bien sure que j’ai pas de questions», j’aurais du dire oui, poser des questions qui ne me semblaient sur le coup pas pertinentes mais qui auraient pu s’avérer l’être. À la place, je me suis fier sur la compréhension et les connaissances générales de moi et de mes proches. Des gens étudient le droit, et comme fait confiance aux médecins pour ce qui à trait au bon fonctionnement de notre corps, on devrait d’avantage user de leurs connaissances et s’en remettre à une autorité – non pas politique, mais intellectuelle – compétente et qualifiée.

En somme, ce qu’il y a à retenir comme leçons, pour ceux qui voudraient apprendre de mes erreurs avant de les commettre eux-mêmes, c’est de se débarrasser de ses conditions au plus vite lorsqu’on en a, de ne pas briser la loi lorsqu’il y a d’autres options pouvant mener au même but ou à l’atteinte de mêmes objectifs, car à moyen et à long terme, on se retrouve souvent perdant. Finalement, lisez, informez-vous d’avantage sur le droit, non pas pour lui accorder plus de légitimité qu’il n’en mérite, mais pour être au courant de ce que contre quoi on se bat. Posez des questions à des gens possédants les connaissances requises, et confirmez ou infirmez ce que vous croyez connaître des lois, car rendu en d’dans, c’est un peu tard pour découvrir les conséquences légales de nos actes.

Je voudrais, pour clore, réitérer que j’assume pleinement la stupidité de mon acte, et que je suis sincèrement désolé pour l’inquiétude, les retardements possibles de certaines activités militantes, et les troubles financiers que j’ai causé ou que j’aurais pu causé auprès du Secours Rouge Canada et de certains camarades. Je vais tenter d’être sage, réfléchi et prudent dans mes agissements à l’avenir, et je ne prendrai plus de risques inutiles. Par contre, les pdgs, les patrons, les exploiteurs, les juges, les screws, les flics, les procureurs, et spécialement les apprenti-briseurs de vie qui travaillent à la sécurité, du Rona comme de partout ailleurs, je persiste et je signe, allez chier.

 

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Pourquoi j’ai abandonné Travail Social.

Comme j’ai beaucoup d’estime pour la plupart de mes anciens collègues et enseignants, et que malgré certains désaccords plus ou moins marqués, je les considère pratiquement tous de bonne foi, j’ai décidé d’expliquer dans cette lettre pourquoi je quitte le programme.

Je ne le nierai pas, c’est en grande partie parce-que maintenant ca va être très compliqué de me trouver un emploi dans le domaine puisque j’ai un dossier criminel. J’ai été contraint de plaider coupable à certains crimes que je n’ai pas commis pour ne pas séjourner plusieurs mois en prison en attendant un règlement. Mais peu importe ; ce qui compte, c’est ce qui est inscrit au dossier, la version officielle de l’État.

Ceci étant dit, même avant ma première incarcération, j’éprouvais de nombreuses réserves quant au manque de rigueur intellectuelle au niveau de l’analyse des causes des problèmes sociaux, la complaisance envers l’État pourtant violent et répressif, et le discours moralisateur et légaliste omniprésent.

Premièrement, c’est un fait, depuis la fin des trente glorieuses, on coupe systématiquement dans le «filet social» et les conditions de vie des plus démunis se détériorent. S’improvisant économistes, les gens du milieu attribuent cette problématique à une mauvaise gestion des deniers publiques, et pensent qu’en taxant un peu plus les riches, on va tout régler. Ils oublient complètement les contradictions internes du capitalisme, l’impérialisme, et ce qui fait que dans tout les pays occidentaux le même phénomène s’observe. Pour l’imager, imaginer un bon monsieur, bien naïf, le travailleur social, qui distribue de la nourriture aux gens devant lui, en pigeant dans une pile situé derrière lui, sans se retourner. Pendant ce temps là, un autre gros monsieur, ressemblant étrangement à un porc, représentant l’État capitaliste, pige dans cette pile de denrées, pour en donner à ses amis les patrons. Le monsieur naïf, le travailleur social, finit par s’apercevoir qu’il ne reste plus de denrées, s’exclame : «Eye! C’est pas fin! Pas content! Pas content!» et là, monsieur État, soucieux de vouloir conserver son apparence de bienveillance sort un «plan d’action contre la pauvreté» où il emballe dans cinquante pages de mots qui veulent tout dire, un plan qui concrètement, propose de rationaliser et de réorganiser le peu de ressources disponibles pour en tirer le maximum, sans même aborder le fait qu’il en manque, et encore moins les raisons de ce manque.

Mais surtout, en me faisant répondre ceci : «Je ne suis pas d’accord avec ton interprétation des principes du travail social. En effet, la démocratie vient avec un certain contrôle social et des lois que nous devons respecter. […]Toutefois, pour moi c’est une erreur de parcours.» par une enseignante, j’ai compris que le travail social est imménemment légaliste. Pour moi, qui a passé deux brefs séjours en d’dans, non seulement légalité et moralité font deux, et souvent, des actes sont légaux mais non-légitimes, et vice-versa, mais le système de justice représente une des plus grandes sources de violence dans notre société, l’un des problèmes sociaux les plus préoccupant. Alors passer à côté de cet enjeu, c’est déjà, pour moi, intolérable, mais reconnaître une quelconque légitimité aux lois, c’est soutenir, cautionner et se rendre complice, volontairement ou non, d’une violence systémique insidieuse, quotidienne, étouffante et sans répits, qui brise des vies à chaque arrestation, à chaque verdict prononcé.

Avant et pendant mon parcours, je croyais que le travail social se résumait à mettre des «plasters» sur les bobos. Maintenant, je considère que c’est mettre des «plasters» sur des membres arrachés.

Je vais donc assumer mon refus complet des institutions et me concentrer sur ce à quoi j’excelle : lire, écrire, et lutter, encore et toujours.

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Histoire de violence systémique

J’ai plaidé coupable. Officiellement, j’ai plaidé coupable de cinq bris de conditions, possession simple, vol à l’étalage, et double voix de fait armé sur de la flicaille. Dans les faits, je suis seulement coupable de deux bris, d’un vol à l’étalage de sept dollars et de possession simple d’un point sept grammes de cannabis. Mais je suis surtout coupable d’être amoureux et de ne plus vouloir passer une journée de plus sans elle, coupable de ne pas vouloir passer une journée de plus sans liberté, sans intimité, sans alimentation saine et suffisante, sans mes amis, mes camarades, mes compagnons de vie, ma famille. De ça, je suis définitivement coupable. 

Car c’était bien cela l’enjeu : même si officiellement, les petits-bourgeois bien-pensants vantent notre «démocratie» et «l’égalité de tous devant la justice», que nous sommes sensés être «innocents jusqu’à la preuve du contraire», dans les faits, ils peuvent nous priver de tout droit et de toute dignité, et ce, avant même d’être jugé, selon la bonne volonté des techniciens de l’oppression. Alors combien ont, comme moi, exaspéré d’être confiné entre des murs de béton et des clôtures sans fin, loin des êtres chers à leur coeur, plaidé coupable pour des méfaits qu’ils n’ont pas commis ? Combien, devant la durée interminable des procès et des remises, la perspective de leur peine pendant au-dessus de leur tête tel une épée de Damoclès, ont émis un plaidoyer de culpabilité en étant pourtant totalement innocent ?

Beaucoup trop, beaucoup trop de victimes, beaucoup trop souvent. Ces charognards, ils ont le gros bout du bâton ; ils étirent les procédures, ils prolongent la guerre psychologique, dans le confort de leur condo payé à même vos taxes, pendant qu’on s’arrache les cheveux, qu’on dépérit, qu’on angoisse, qu’on anticipe le retour à nos vies dans le brouillard des dédales judiciaires. Les vrais criminels, les vrais briseurs de vie, ils portent des toges et ils ont leur barreau.

Alors oui, j’ai plaidé coupable. Je croyais pouvoir lutter contre ce système d’injustice en gardant les mains propres, en gardant le cover d’un gentil travailleur social. Je croyais naîvement pouvoir longtemps garder un dossier vierge, rester, en apparence, un «citoyen respectable.» Et bien tant pis. Les jeux sont faits, en m’ostracisant définitivement comme un délinquant, un marginal, un criminel – qualificatifs que j’accepte avec honneur et fierté, puisque j’ai été témoin de beaucoup plus d’humanité et de fraternité en prison que chez les gens «honorables» – vous, patrons, exploiteurs, flics, militaires, procureurs, juges, vous venez de vous assurer un ennemi définitif, décomplexé, qui a beaucoup moins à perdre qu’il y a quelque semaines.

 

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Cher osti d’minable

Oui, oui, toi, el senör cabochon qui travaille à la sécurité du Rona. Toi, l’apprenti-briseur de vie qui étudie en technique policière. Bravo. Tu as déjà intégré avec brio la première norme être un bon porc ; arrêter toute réflexion éthique, subjuguer toute notion de morale à la légalité, aux lois. Si c’est illégal, c’est mal, si c’est légal, c’est bien.

Je t’ai traité, à tort, comme un être humain. Comme quelqu’un de sensé, doté de raison, d’émotions, d’empathie et d’un certain jugement. À chaque fois que j’en croise un de votre gang, je redouble d’efforts pour ne pas vous condamner trop vite, et à chaque fois, vous vous surpassez pour me démontrer que j’ai raison de tous vous mépriser.

J’ai tenté de t’expliquer que concrètement, il n’y avait eu aucun tort de causé, que j’étais prêt à rembourser plusieurs fois l’article volé en compensation, sans problèmes. Que j’étais sous conditions pour une histoire de manifs, que je devais garder la paix, et qu’un bris allait me renvoyer en taule pour plus d’une semaine, que j’allais perdre ma session. Que finalement, pour un geste qui n’a causé aucun tort, qui, dans le pire des cas, aurait fait perdre sept dollars à ton patron multimillionnaire au profit d’un étudiant sur l’AFE qui s’habille chez Estrie-AIDE, tu allais m’enlever, de façon irréversible, plusieurs jours, voir plusieurs semaines de ma vie, me faire échouer ma session, peut-être (Bakounine soit loué, ça ne s’est pas produit) mettre en péril la relation que je venais de débuter avec une femme superbe, sans compter les cautions que je devrai rembourser et les amendes que je devrai payer, en plus du casier judiciaire qui allait suivre et qui allait me restreindre grandement dans mes perspectives d’emploi.

N’écoutant que ton courage, tu me rétorques, du haut de ton vingt-six de quotient : « écoute, je ne veux pas que tu penses que c’est parce-que j’étudie en T.P. Je sais que depuis la grève, y’a un genre de guerre entre le peuple et la police, mais ce n’est pas ça […] »

Oui mon crisse de timbré, c’est précisément ça. Ce que tes futurs chummys ont fait pendant la grève, en tapant sur des manifestants, en les judiciarisant et les emprisonnant arbitrairement pour avoir bloqué ou attaqué des banques, et toi qui me fait faire de la taule pour un – certes, insouciant et imbécile – vulgaire vol à l’étalage, c’est user d’une force coercitive grotesque et démesurée contre des individus n’ayant causer aucun tort à qui que ce soit, mis à part quelque chiffres dans le compte d’un exploiteur quelconque.

Alors franchement, je te lève mon chapeau ; tu es sur la bonne voit pour faire un parfait milicien du Grand Capital. Il y a cependant un élément que tu n’a pas saisi, lorsque tu prêchais ton discours légaliste par rapport à ma «responsabilité» et à mes «engagements envers la cours» comme si tu étais entrain de me donner une leçon comme si la justice punitive fonctionnait, et que j’allais m’en souvenir. Tu veux savoir ce que ce second périple m’a apporté ? Principalement trois choses ; je me suis résigné à avoir un dossier, et donc, j’ai beaucoup moins à perdre qu’avant ; j’ai côtoyé des vétérans du crime, et j’ai appris beaucoup de leur expérience ; et lorsque je t’ai demandé : «Si demain y’a une crise, qu’on se retrouve à cinquante pourcent de chômage et que ton boss te dit de me tirer dessus, vas-tu le faire?» Je suis bien content que tu aies hésité, car moi, je n’hésiterai pas une seconde.

 

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